78% contre l’interdiction des rétrocessions

78% contre l’interdiction des rétrocessions

Les courtiers et conseillers en gestion de patrimoine se prononcent contre l’interdiction des rétrocessions proposée par la Commission européenne. Plus d’un tiers ne pourrait s’adapter à une interdiction brutale et serait obligé de changer de profession


5 minutes de lecture

Dans notre newsletter de mars, nous avions invité nos lecteurs courtiers et conseillers en gestion de patrimoine indépendants à se prononcer sur l’interdiction des rétrocessions proposée par la Commission européenne.

Vous avez été 49 à nous répondre. Nous vous en remercions. Nous allons élargir cette consultation à un plus large public, mais nous voulions dès à présent partager vos résultats avec vous.

Un impact très négatif sur les indépendants

Nous avons interrogé les répondants, CGP et courtiers, sur l’impact d’une interdiction des rétrocessions sur le marché en général.

Pour 78% d’entre eux, cette interdiction aurait un impact négatif, voire très négatif (53%, rouge foncé) sur le secteur de la distribution des produits d’épargne. Pour seulement 12% l’interdiction aurait un impact positif.

Certains des arguments invoqués par la Commission Européenne en faveur de l’interdiction sont considérés comme valides. Ainsi, les répondants concèdent que l’interdiction des rétrocessions rendrait le coût des placements plus transparents pour l’épargnant (100%) et que la nécessité de justifier des honoraires ferait augmenter la qualité du conseil patrimonial et financier (78%).

Cependant, ces arguments ne contrebalancent pas l’effet négatif d’une interdiction qui affecterait avant tout sur les conseillers indépendants.

C’est la fin du conseil indépendant.

Cette interdiction va conduire à concentrer la distribution dans les seules mains des producteurs de produits, ce qui rendra les clients de ces institutions captifs de l’offre « maison. »

Les réseaux de banque assurance ne tirent que très peu de profit des rétrocommissions et c’est bien la différence entre eux et un CGP.

Pour beaucoup de répondants, l’interdiction des rétrocessions est irréaliste. Elle reviendrait à plaquer un modèle étranger inadapté sur la réalité du marché français :

Il faut que la France arrête de cloner les pratiques anglo-saxonnes liées à la spéculation.

Un alignement sur d’autres pays européens avec des mentalités financières différentes est impossible.

Un tiers changerait de métier

Interrogés sur l’impact d’une telle interdiction sur leur propre activité, la majorité des répondants disent qu’ils seraient obligés de changer de modèle.

Plus d’un répondant sur trois se verrait même obligé de changer de profession si les rétrocessions étaient interdites. La même proportion aurait besoin d’un temps d’adaptation pour changer son modèle de revenus. Seule une minorité, 14% n’aurait pas de problème.

L’explication est claire : la majorité tire actuellement plus de la moitié de ses revenus des commissions et rétrocessions. Pour plus d’un tiers, celles-ci représentent même les trois quarts de leurs revenus.

Les épargnants ne sont pas prêts à payer

Les épargnants ne sortiraient pas gagnants d’une interdiction des rétrocessions. Tout d’abord, il serait difficile de facturer des honoraires aux petits et moyens épargnants :

Les plus petits patrimoines seront les victimes car ils seront seuls face à toute cette complexité financière pour orienter leurs investissements, ce sera un massacre pour beaucoup d’entre eux.

Les clients n’en sortiront pas gagnants, n’ayant alors pas les moyens de payer pour un service de suivi et d’adéquation à leurs projets

Notre métier est de conseiller tous les types de profils de clients, avec une majorité de foyers « lambda » ce serait très difficile de facturer du jour au lendemain une prestation qui est [actuellement] englobée et lissée dans le temps.

Certains jugent qu’au-delà des questions de moyens, encore trop peu d’épargnants français sont culturellement prêts à payer des honoraires :

La clientèle particulière comprend peu la plus value de conseil apportée par le CGP. Elle a du mal à concevoir de payer une facture pour des prestations de conseils.

Un temps sera requis pour que bon nombre de Français ciblés par notre profession acceptent de payer [des honoraires]. Une pédagogie est à prévoir car ce n’est pas du tout accepté dans les mœurs actuelles.

Conclusion

En conclusion, d’après cet échantillon, l’interdiction des rétrocessions serait très problématique pour les courtiers et CGP qui dépendent de cette source de revenus pour plus de la moitié de leur chiffre d’affaires.

La proposition de la Commission présentée au parlement la semaine prochaine ne sera sans doute pas adoptée telle quelle. Cependant, l’interdiction ne pourrait être que repoussée dans le temps. La tendance générale allant dans le sens de la suppression des rétrocessions.

Pour s’y préparer, il est conseillé de réduire la dépendance de cette source de revenus. Comment ? En augmentant significativement la valeur ajoutée du conseil pour en faire une prestation facturable. C’est ce que pratiquent les partenaires de LaBienveillanceFinancière. Ils fournissent à leur client un conseil à haute valeur ajoutée à la fois facturable et profitable en nous en délégant la production.

Annexe

Répartition de l’échantillon des répondants

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