L’IA générative conversationnelle changera la gestion de patrimoine pour toujours
L’intelligence artificielle générative conversationnelle à la ChatGPT est-elle en mesure de prodiguer des conseils en gestion de patrimoine directement aux particuliers ? Cette IA pourrait-elle remplacer les conseillers humains ?
L’ouverture au grand public de l’intelligence artificielle (IA) générative conversationnelle initiée par ChatGPT a révélé au grand jour le potentiel de bouleversement de l’IA. Cette IA est-elle en mesure de prodiguer des conseils en gestion de patrimoine et en finance ? Pourrait-elle remplacer les conseillers humains ?
Faites-vous partie des inquiets, des pragmatiques ou des optimistes ?
Arthur fait partie des optimistes, Therese des pragmatistes. Nous sommes vigilants sur les limites et les risques de l’IA sans minimiser son potentiel et la nécessité d’accompagner son développement.
ChatGPT, une intelligence conversationnelle qui a ses propres critères de performance
ChatGPT a prouvé que l’on ne peut plus définir l’IA comme la capacité de simuler l’intelligence humaine. En effet, il y a encore peu de temps, le célèbre test de Turing qualifiait d’intelligence artificielle une machine capable de converser avec des humains sans que ceux-ci se rendent compte qu’ils ont affaire à une machine et non à un être humain.
Ce test n’est plus pertinent. ChatGPT est en effet apparue comme une IA générative généraliste capable de converser sur n’importe quel sujet. Ce faisant, ses capacités sont telles qu’il devient impossible de la confondre avec un agent humain… Qui pourrait sérieusement penser qu’un être humain peut quasi instantanément résumer un livre de 500 pages en 50 langues ou écrire du code informatique à partir d’instruction rédigées en français ?
L’intelligence artificielle est entrée dans une phase où elle ne se mesure plus par rapport à l’intelligence humaine. Elle a ses propres critères de performance.
Les hallucinations de L’IA
Quelles sont ses limites ? On souvent entend souvent dire que l’IA générative conversationnelle à la ChatGPT « ne comprend pas » les textes qu’elle génère et que, pour cette raison, elle produit des erreurs que l’on taxe d’ « hallucinations ».
L’IA générative, en effet, prédit les résultats attendus dans une conversation en calculant des millions de corrélations linguistiques et leur probabilité dans le contexte de cette conversation. Elle agit, en beaucoup plus complexe, comme un algorithme d’auto-complétions qui propose « salutations » quand on a tapé « Sincères ».
Dans ce contexte, l’IA peut prédire l’impossible. Ainsi, dans le domaine de la gestion de patrimoine, un domaine particulièrement complexe puisqu’à l’intersection des règlementations juridiques, fiscaux et financiers, les hallucinations de l’IA consistent par exemple à inventer des lois qui n’existent pas. Nous en avons relevé plusieurs exemples dans notre article « Les inquiétantes erreurs de Chat GPT en fiscalité française ».
Comme nous le soulignons dans cet article, les hallucinations de ChatGPT sont d’autant plus dangereuses qu’elles sont exprimées de façon claire, succincte, et structurée, donc de manière très pédagogique, et sur un ton assertif très convaincant.
Cependant, les erreurs de l’IA générative conversationnelle ne doivent pas nous leurrer sur son potentiel. Avec le temps, avec plus et de meilleures données et de nouveaux modèles d’apprentissage, les IA génératives deviendront performantes en gestion de patrimoine.
Verrons-nous une IA générative agréée CIF ?
En finance, l’IA générative est, pour l’instant, principalement utilisée en interne, par exemple pour aider les conseillers financiers à interroger leurs bases de données en langage naturel ou pour synthétiser les retours clients.
Cependant, certaines entreprises ont annoncé que l’IA générative conversationnelle sera utilisée pour interagir avec les clients dès 2024. On peut facilement imaginer qu’une telle IA puisse prodiguer des conseils dans des cas simples, en mode « assistant virtuel (chatbot) amélioré. »
Mais qu’en sera-t-il de la responsabilité de ce conseil ? En effet, un conseiller en investissement (CIF) agréé assume la responsabilité, y compris la responsabilité juridique, de ses conseils. Il ne peut, comme le fait ChatGPT, se réfugier derrière des clauses de non-responsabilité (« disclaimer » en anglais).
L’IA générative ne peut donc se substituer au conseiller. Elle ne peut que l’assister, lui préparer le travail par des propositions de rédaction, comme l’IA classique assiste aujourd’hui nos ingénieurs patrimoniaux en présélectionnant des stratégies patrimoniales en fonction des profils de clients. Ces ingénieurs doivent ensuite valider ou invalider les propositions de l’IA, puis assumer la responsabilité de la recommandation finale.
Pas en self-service
Nous avons vu que dans le court terme, l’IA générative ne peut se substituer au conseiller humain du fait de ses limitations aussi bien au niveau du contenu que de la responsabilité morale et juridique.
Ces facteurs évolueront. A quelle vitesse, nous l’ignorons. Comme toujours en matière d’innovation, le changement est toujours plus lent que les uns ne l’espèrent et plus rapide que les autres ne le craignent.
Dans l’immédiat, les assistants virtuels (chatbots) propulsés par l’IA générative dans le domaine du conseil patrimonial et financier doivent être déployés avec beaucoup de précautions. En effet, notre expérience nous a montré que les particuliers sont déjà perdus face à la complexité et la masse d’informations disponibles en self-service. La dernière chose dont ils ont besoin est un conseiller virtuel qui leur renvoie la responsabilité de vérifier ses assertions !
Toutes les études le prouvent, les particuliers ont besoin de l’écoute et du soutien d’un conseiller humain professionnel.
En revanche, il est certain qu’à travers des plateformes telles que la nôtre, l’IA générative conversationnelle deviendra progressivement un outil indispensable pour les professionnels du patrimoine. Activement contrôlée, elle permettra de formidables gains de productivité et de qualité du conseil, par exemple par une personnalisation accrue.
Conclusion
La boîte de Pandore de l’IA générative conversationnelle est ouverte, elle ne se refermera pas. A nous d’accompagner ses développements pour qu’elle nous apporte à terme de réels gains non seulement en termes de productivité, mais aussi en termes de qualité du conseil humain en gestion de patrimoine et en ingénierie patrimoniale.
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